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 LE CHATEAU ROUGE,

Générateur de musiques actuelles à Carhaix

Comment prolonger et impulser des pratiques amateurs en dehors du festival des Vieilles Charrues ?

Comme beaucoup d’autres, j’ai été victime des Vieilles Charrues. Devenue accroc malgré moi.
Les Vieilles Charrues, c’est une longue histoire, une magie unique pendant un, deux, trois ou quatre jours à Carhaix. Courte durée pendant laquelle la ville se transforme en îlot de liberté, d’insouciance et de plaisir, coupée de son quotidien calme et banal d’une petite ville du centre Bretagne. En pleine mutation, le territoire passe de 8000 habitants  à 230 000 festivaliers qui se partagent un moment éphémère, une euphorie commune. On aime les Vieilles Charrues car l’on se rassemble dans une même évidence, dans un besoin d’émulation. On se découvre une capacité unique à abolir tout principe de distance entre artiste et public. On l’a fait ! Ce fabuleux  concert de la star tant attendue du festival! Mais on est tout aussi heureux d’avoir découvert ces  talents inconnus qui deviendront eux aussi, un jour, des grands. Mais comme tout bon moment, le festival ne dure pas. A peine terminé, on rêve déjà de l’édition de l’année prochaine. Du coup, le reste de l’année, on attend.

Car même si des événements rythment la ville de Carhaix tout au long de l’année, tels que des spectacles, des concerts, ou nos fameux fest-noz, il n’existe encore aucun lieu physique et pérenne pour mettre en avant le dynamisme des jeunes musiciens du centre Bretagne. Il serait donc intéressant  de leur proposer un lieu dédié aux musiques qu’ils aiment : les musiques actuelles. Ces lieux émergent de plus en plus en milieu urbain, mais sont quasi inexistant en milieu rural. Carhaix pourrait profiter de l’image de marque qu’offre les Vieilles Charrues, pour attirer davantage de population friande de cette offre et permettre aux habitants de tous âges, l’apprentissage ou la découverte de toutes les musiques «actuelles». Le projet ne viendrait pas faire de l’ombre au festival, mais, au contraire, il donnerait encore plus de force au territoire qui l’a fait naître et ferait monter l’impatience de son public...

Comment et où réussir à faire cohabiter des différents points?
Pour un tel programme, j’ai choisi d’installer le projet dans un lieu inattendu, curieux, décalé et idéalement placé. En plein centre-ville de Carhaix, dans la rue principale commerçante, un bâtiment vient se démarquer dans le paysage urbain... et pour cause, il s’agit d’un château ! 

Diaporama 

Et cette façade... rouge, d’où son nom, le château rouge, affiche une identité forte et singulière, typé par ses éléments de construction, les briques rouges, atypiques dans la région. Mais aussi par sa monumentalité dans la ville, son opacité, son épaisseur, et ses rythmes. Mais à l’arrière, une façade neutre et blanche fait face au jardin. La façade rouge devient alors un apparat, un masque que l’on donne à voir, tandis que la façade blanche s’efface...

Échantillons du rouge brique de la façade du château. 

Comment évoquer le son au travers de l’architecture? Comment allier un élément construit avec un élément immatériel ? Comment le son peut-il modeler l’espace? Quels impacts le son peut il avoir à l’intérieur du château ? Où doit être le point de rencontre des sons?

Transformer un château traditionnel, figé, calme…en un lieu sonore, vibrant et effervescent, voici le pari que je me suis lancé cette année. 



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Pour en parler, quoi de mieux que ses mains ? Même si ce n’est pas chose facile, elles permettent de traduire des engagements de projet en toute simplicité.

L’une de mes mains montre un élément fort, surexposé, faisant de l’ombre à ce qu’il se passe derrière. Puis une autre main arrive. La rencontre se fait, elle parvient à capter la lumière à son tour. Puis les deux entités se mêlent, partagent leur lumière et se mettent à bouger, déformant ainsi le caractère rigide de la première main.

Encore deux mains, immobiles. Puis tout à coup l’une d’entre elles va se mettre à trembler, vibrer, s’agiter. Un contraste s’opère entre des espaces animés ou calmes,  silencieux ou bruyants, lumineux ou sombres, transparents ou opaques…

On peut en dire des choses avec ses mains…

Maquettes-signe /maquettes-shème

Le programme qui s’insère dans le château est exigeant en terme de contraintes acoustiques et de dimensions. Pour y répondre le plus précisément possible, le parti-pris a été de vider totalement l’intérieur du château. On fait donc faire table rase du passé, pour réécrire une nouvelle histoire et on permet à cette enveloppe de faire coexister et vivre des éléments nouveaux à l’intérieur.

Niveaux existants

Suppression des niveaux existants (sauf dernier niveau et la toiture)

Création d'une structure béton, système poteaux-poutres

Création de nouveaux planchers,  avec vide central (le rdc descend au niveau de la rue)

Positionnement des studio (système de "boite dans la boite")

Depuis la rue, les seuls indices du changement sont la nouvelle entrée (située sous l'escalier d'honneur),  les décalages entre les niveaux et la vie bouillante qui se laisse entrevoir aux fenêtres.

Coupe longitudinale jour

Coupe longitudinale nuit

Coupe transversale jour

Coupe transversale nuit 

On a plus qu’à lever les yeux, et l’on se retrouve alors dans un tout nouvel espace, ouvert sur toute sa verticalité. Le bâtiment d’apparence si calme et figé de l’extérieur se retrouve investit par des vibrations, des pulsations de sons qui résonnent architecturalement et se font écho entre les murs. On a l’impression que les murs ont tremblés et se sont poussés pour créer ce vide central. Des formes hybrides prennent place sur les côtés. On ne distingue pas ou très peu la structure béton qui a été créée.

Comme pour l’entrée, des percées fortes et géométriques viennent souligner ce rythme. Ces respirations dans l’espace forment l’accueil et la bar au rez-de-chaussé, un espace détente pour les musiciens et la régie au 1er étage. Pour les marquer davantage encore, ces espaces s’imprègnent d’un camaieu de la couleur iconique du château, le rouge.

Vue depuis l'entrée

Vue depuis l'espace détente au premier étage

La parcelle est traitée comme une traversée musicale séquencée : entrée du château silencieuse; sortie du château bruyante,créative et animée marquée par une fosse et un gradin face au studio de préprod; un espace de détente silencieux et protecteur au plein coeur des arbres existant et enfin terrasse abritée et intime pour les artistes en résidence. Ainsi la parcelle devient la rue de la musique à Carhaix...

Diaporama de la soutenance du projet

07/06/2013

DSAA obtenu mention bien

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